L'être xénophile
La rencontre de l’autre dans son altérité, expérience de vie et histoire singulière est un lien, un cheminement, un passage dans un nouvel univers culturel et social.
Une vingtaine de passeurs de culture ont participé à Paris au projet européen touristique Migrantour, venant des quatre coins du monde, de tous les horizons sociaux et professionnels.
Chacun à imprimé sa marque à une balade urbaine qui est d’abord personnelle, qui se nourrit de façon presque organique de son créateur, de son parcours, de ses choix, de ses pratiques et connaissances du quartier.
Une immersion culturelle à la rencontre de l’autre : tout à la fois l’étranger, le migrant, l’habitant et l’accompagnateur. Se découvre alors le sentiment du passage : les postulats s’abîment, les cloisons s’affaissent, les murs tombent…maintenant transparait une autre dimension : la vie du migrant et ses codes culturels dans son quotidien, dans sa façon d’être, dans ses savoirs…
La littérature, l’histoire, l’art, la religion…mais aussi la nourriture, la santé, les vêtements, la musique, les événements solennels ou festifs, les langues, la tradition orale…Des lieux de vie comme un salon de coiffure, une boutique de sape ou de pharmacopée traditionnelle, un lieu de culte dans un garage ou de travail dans un atelier de confection ou de théâtre de marionnettes, un café où se rassemblent de vieux migrants… Chaque espace emblématique, chaque atmosphère invitant à l’échange, chaque interstice urbain représentant le patrimoine culturel dʼune ou plusieurs migrations. Ce que signifie de se sentir Péruvien, Égyptien, Camerounais, Macédonien ou Chinois ici et maintenant à Paris !
Cʼest «Comment peut-on être Persan» au XXIe siècle…
Le Passeur de culture arrive, non sans mal, à concilier les apports du territoire d’accueil aux «morceaux de vie» de la terre originelle : vaste itinérance agrégée de souvenirs, de ressentis, de détails, de rencontres, d’introspection aussi…Par son parcours singulier, il nous invite à d’autres connaissances, à d’autres pratiques culturelles, à d’autres représentations du monde. Il provoque l’empathie et aiguise la soif de l’autre, il nous donne envie d’ailleurs tout en restant ici. Il nous permet enfin d’apposer un visage qui marque, une empreinte pérenne ou furtive et des paroles qui résonnent encore lors d’une tribulation parisienne un soir d’automne ou un été matinal dans « la rue des Gens » à Château Rouge, aux vignes du parc de Belleville ou sur les bords nostalgiques de la Seine…Cʼest une invitation à l’imaginaire dans une ville, un quartier, un lieu quʼon croit connaître.
Un imaginaire humain, subjectif, chaotique, puissant et fertile, pétri des expériences de la vie et du hasard des circonstances, au gré des voyages Si loin et Si proche.