L'une des plus importantes expressions culturelles Yoruba
À l’origine, le Gèlèdé a pour but de lutter contre toute manœuvre qui peut mettre en danger l’équilibre social des institutions traditionnelles. Il permet de ranimer et de mobiliser la conscience collective. Le patrimoine oral Gèlèdé est une expression culturelle porteuse de valeurs éducatives, artistiques, historiques, techniques, éthiques et philosophiques. Il s’exprime par les chants, la musique et la danse au cours de cérémonies spécifiques.
Le Gèlèdé est pratiqué dans une grande partie de l’aire Yoruba-Nago qui couvre le Nigéria, Le Bénin et le Togo. Cette aire géo-culturelle comprend plus de 30 000 000 d’habitants répartis sur les sites des anciens royaumes : Egba, Kétu, Sabé, Ife, Oyo, Owo, Ereti… dont la langue parlée est le Yoruba. Les détenteurs de ce patrimoine reconnaissent Ré-rfé comme le berceau de leur origine spirituelle. Le Gélédé représente l’une des plus importantes expressions culturelles Yoruba. Il est dansé à Kétu, Sabé, Ohori, Anago, Egbado et Awon. Son pouvoir fédérateur en a fait un vecteur de dialogue des cultures, ce qui explique son adoption par les populations Goun, Mahi, Fon, qui vivent à proximité des anciens royaumes yorubas.
Les manifestations Gèlèdé
Le Gèlèdé est avant tout une émanation du pouvoir des « mères » (Lyami) et il cherche tout d’abord à capter leurs bienfaisances, en leur rendant hommage à travers « Iya Nla », la mère primordiale. Les mères ont le pouvoir de donner la vie et elles sont les intermédiaires les plus favorables pour accéder aux divinités. Ce sont elles qui rendent sacrés les objets présents dans les rites cérémonials exécutés exclusivement par les hommes. Ces derniers portent le poids de leur costume et une femme ne pourrait détenir la force suffisante pour exercer les mouvements corporels exigés pendant les cérémonies. Danse, musiques, chants et leurs symboles associés (costumes et masques de bois) sont les formes retenues pour les manifestations de cet art divinatoire.
Sculpture et peinture de masques en bois
Le patrimoine oral Gèlèdé est aussi porteur d’un art incontournable : la sculpture de masques, dont les particularités résistent à l’épreuve du temps et nourrissent la création artistique contemporaine. Eloi Lokossou, créateur des masques-colonnes, marie adroitement les savoir-faire de la fabrication des masques Gèlèdé et des colonnes proverbiales yorubas.
La sculpture de masques est d’ailleurs classée parmi les arts majeurs de la culture Yoruba-Nago. Son expression repose sur un processus très codifié. Chaque masque est composé d’un visage conventionnel et bien défini. Par contre, l’ornement du masque laisse libre court à la créativité de l’artiste. En effet, la sculpture Gèlèdé est la concrétisation ou la matérialisation d’un poème ou d’un message.
Musique et danse
Une fois le masque sculpté et sacralisé, il va prendre vie au travers d’une danse, accompagnée par un orchestre composé de quatre tam-tam de tailles différentes :
•   « Iya Ilu » : tambour mère
•   « Ako Ilu » : tambour mâle
•   « Omélé Abo » : tambour d’accompagnement femelle
•   « Omélé Ako »: tambour d’accompagnement mâle
À Ofia, village béninois à proximité de Kétu, on nous explique que la musique est l’essence même du Gèlèdé. L’expression « Gèlèdé » évoque le son des tam-tams que l’Océan a envoyé jadis à des enfants du bord de mer. Ces derniers ont immédiatement tenté de mémoriser ces sonorités et de les reproduire. Pour cela, ils ont ramassé des coquillages sur le sable, les ont reliés les uns aux autres et les ont portés à leurs chevilles. Ce jour, les rythmes du Gèlèdé sont nés.
Valeurs et Philosophie Gèlèdé : Exemple du village d’Ofia
L’expression orale du Gèlèdé a subi une érosion progressive due à la modification des modes de vie des communautés, à l’urbanisation et au relâchement des chaînes de transmission des savoirs oraux. Cette expression culturelle reste mal connue et les initiés sont de moins en moins nombreux. Toutefois, le Gèlèdé est bel et bien en vie. À Ofia, les habitants intègrent ce patrimoine dans leur vie quotidienne.
Le Gèlèdé donne de la valeur aux événements. Il fédère les communautés quelque soit leurs différences autour des naissances, décès, mariages ou tout type de prières, rythmés par les tam-tam qui parlent en proverbes. Même les esprits présents dans les arbres, ou dans les oiseaux sont invités à la fête. Le Gèlèdé apprend aux hommes à rester humble et rappelle la force des prières et des divinités dans l’épanouissement du village.
Les attraits de la région de Kétou
Patrimoine culturel et naturel
•   Musée AKABA-IDENA et sa porte magique à Kétou
•   Le Palais Royal de Kétu
•   La pierre sacrée qui protège le village Agonlinkpahou (Adakplamé à 40 kms de Kétou)
•   Marchés tous les 5 jours : Odja Assena, Odja N’la , Odja Idena, Illara-kanga , Atanchoukpa, Adakplamé, Effeouté et Aguidi
•   La Maison Internationale de Gèlèdé à Savè, dont la vocation essentielle est celle d’un centre de référence en matière de recherche, de sauvegarde et de protection du patrimoine culturel immatériel.
•   Palais Royal souterrain, à l’intérieur d’une grotte, à Potokou (20 Km de Kétu)
•   La sorcellerie. Kétu est considéré comme un des 10 plus grands centres de sorcellerie d’Afrique.
•   La maison du « FA »
•   Forêts classés et sacrées d’environ 47 000 hectares
•   Rivières sacrées Eka à Idigny et Ala N’wa à Illikimou
Bibliographie : Maison de Gèlèdé à Savé Site internet de L’Association Internationale Groupe Gèlèdè (AIGG-OING) Étude éthnographique, village d’Ofia et ville de Kétou, Bénin